Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t4.djvu/254

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ou la sixième note d’un mode majeur. Ainsi les lettres marquent les termes immuables des rapports de notre système musical, & les syllabes marquent les termes homologues des rapports semblables en divers tons. Les lettres indiquent es touches du clavier, & les syllabes les degrés du mode. Les musiciens françois ont étrangement brouillé ces distinctions ; ils ont confondu le sens dos syllabes avec le sens des lettres ; &, doublant inutilement les signes des touches, ils n’en ont point laissé pour exprimer les cordes des tons ; en sorte que pour eux ut & C sont toujours la même chose ; ce qui n’est pas, & ne doit pas être, car alors de quoi serviroit C ? Aussi leur manière de solfier est-elle d’une difficulté excessive sans être d’aucune utilité, sans porter aucune idée nette à l’esprit, puisque, par cette méthode, ces deux syllabes ut & mi, par exemple, peuvent également signifier une tierce majeure, mineure, superflue, ou diminuée. Par quelle étrange fatalité le pays du monde où l’on écrit les plus beaux livres sur la musique est-il précisément celui où on l’apprend le plus difficilement ?

Suivons avec notre élève une pratique plus simple & plus claire ; qu’il n’y ait pour lui que deux modes, dont les rapports soient toujours les mêmes & toujours indiqués par les mêmes syllabes. Soit qu’il chante ou qu’il joue d’un instrument, qu’il sache établir son mode sur chacun des douze tons qui peuvent lui servir de base, & que, soit qu’on module en D, en C, en G, etc., le finale soit toujours ut ou la, selon le mode. De cette manière, il vous concevra toujours ; les rapports essentiels du mode pour chanter & jouer juste seront