Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t4.djvu/27

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Platon n’a fait qu’épurer le cœur de l’homme ; Lycurgue l’a dénaturé.

L’institution publique n’existe plus, & ne peut plus exister, parce qu’où il n’y a plus de patrie, il ne peut plus y avoir, de citoyens. Ces deux mots patrie & citoyen doivent être effacés des langues modernes. J’en sais bien la raison, mais je ne veux pas la dire ; elle ne fait rien à mon sujet.

Je n’envisage pas comme une institution publique ces risibles établissements qu’on appelle Colleges

[ Il y a dans plusieurs écoles, & surtout dans l’Université de Paris, des Professeurs que j’aime, que j’estime beaucoup, & que je crois très capables de bien instruire la jeunesse, s’ils n’étoient forcés de suivre l’usage établi. J’exhorte l’un d’entre eux à publier le projet de réforme qu’il a conçu. L’on sera peut-être enfin tenté de guérir le mal en voyant qu’il n’est pas sans remède.] Je ne compte pas non plus l’éducation du monde, parce que cette éducation tendant à deux fins contraires, les manque toutes deux : elle n’est propre qu’à faire des hommes doubles paraissant toujours rapporter tout aux autres, & ne rapportant jamais rien qu’à eux seuls. Or ces, démonstrations, étant communes à tout le monde, n’abusent personne. Ce sont autant de soins perdus.

De ces contradictions naît celle que nous éprouvons sans cesse en nous-mêmes. Entraînés par la nature & par les hommes dans des routes contraires, forcés de nous partager entre ces diverses impulsions, nous en suivons une composée qui ne nous mène ni à l’un ni à l’autre but. Ainsi combattus & flottants durant tout le cours de