Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t4.djvu/293

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retourner la question. S’il ne sait pas comment le soleil parvient de son coucher à son lever, il sait au moins comment il parvient de son lever à son coucher, ses yeux seuls le lui apprennent. éclaircissez donc la première question par l’autre : ou votre Eleve est absolument stupide, ou l’analogie est trop claire pour lui pouvoir échapper. Voilà sa première leçon de cosmographie.

Comme nous procédons toujours lentement d’idée sensible en idée sensible, que nous nous familiarisons long tems avec la même avant de passer à une autre, et qu’enfin nous ne forçons jamais notre Eleve d’être attentif, il y a loin de cette première leçon à la connaissance du cours du soleil & de la figure de la terre : mais comme tous les mouvements apparents des corps célestes tiennent au même principe, & que la première observation mène à toutes les autres, il faut moins d’effort, quoiqu’il faille plus de temps, pour arriver d’une révolution diurne au calcul des éclipses, que pour bien comprendre le jour & la nuit.

Puisque le soleil tourne autour du monde, il décrit un cercle & tout cercle doit avoir un centre ; nous savons déjà cela. Ce centre ne sauroit se voir, car il est au cœur de la terre, mais on peut sur la surface marquer deux points opposés qui lui correspondent. Une broche passant par les trois points & prolongée jusqu’au ciel de part & d’autre sera l’axe du monde & du mouvement journalier du soleil. Un toton rond tournant sur sa pointe représente le ciel tournant sur son axe ; les deux pointes du toton sont les deux pôles : l’enfant sera fort aise d’en connaître un ; je le lui montre à la queue