Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t4.djvu/321

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falsifiée pire, avec sa belle apparence, qu’elle n’étoit auparavant.

On falsifie surtout les boissons, & surtout les vins, parce que la tromperie est plus difficile à connaître, & donne plus de profit au trompeur.

La falsification des vins verts ou aigres se fait avec de la litharge, la litharge est une préparation de plomb. Le plomb uni aux acides fait un sel fort doux, qui corrige au goût la verdeur du vin, mais qui est un poison pour ceux qui le boivent. Il importe donc, avant de boire du vin suspect, de savoir s’il est lithargiré ou s’il rie l’est pas. Or voici comment je raisonne pour découvrir cela

La liqueur du vin ne contient pas seulement de l’esprit inflammable, comme vous l’avez vu par l’eau-de-vie qu’on en tire ; elle contient encore de l’acide, comme vous pou- le connaître par le vinaigre & le tartre qu’on en tire aussi.

L’acide a du rapport aux substances métalliques, & s’unit avec elles par dissolution pour former un sel composé, tel, par exemple, que la rouille, qui n’est qu’un fer dissous par l’acide contenu dans l’air ou dans l’eau, & tel aussi que le vert-de-gris, qui n’est qu’un cuivre dissous par le vinaigre.

Mais ce même acide a plus de rapport encore aux substances alcalines qu’aux substances métalliques, en sorte que, par l’intervention des premières dans les sels composés ont je viens de vous parier, l’acide est forcé de lâcher le métal auquel il est uni, pour s’attacher à l’alcali.

Alors la substance métallique, dégagée de l’acide qui la