Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t5.djvu/120

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du savoir produit l’incrédulité. Tout savant dédaigne le sentiment vulgaire ; chacun en veut avoir un à soi. L’orgueilleuse philosophie mène au fanatisme. évitez ces extrémités ; restez toujours ferme dans la voie de la vérité, ou de ce qui vous paraîtra

    peu de gens ont de la religion.

    Nos gouvernements modernes doivent incontestablement au Christianisme leur plus solide autorité & leurs révolutions moins fréquentes ; il les a rendus eux-mêmes moins sanguinaires : cela se prouve par le fait en les comparant aux gouvernements anciens. La religion mieux connue, écartant le fanatisme, a donné plus de douceur aux mœurs chrétiennes. Ce changement n’est point l’ouvrage des lettres ; car partout où elles ont brillé, l’humanité n’en a pas été plus respectée ; les cruautés des Athéniens, des égyptiens, des empereurs de Rome, des Chinois, en font foi. Que d’œuvres de miséricorde sont l’ouvrage de l’évangile ! Que de restitutions, de réparations, la confession ne fait-elle point faire chez les catholiques ! Chez nous combien les approches des tems de communion n’opèrent-elles point de réconciliations & d’aumônes ! Combien le jubilé des Hébreux ne rendait-il pas les usurpateurs moins avides ! Que de misères ne prévenait-il pas ! La fraternité légale unissoit toute la nation : on ne voyoit pas un mendiant chez eux. On n’en voit point non plus chez les Turcs, où les fondations pieuses sont innombrables ; ils sont, par principe de religion, hospitaliers, même envers les ennemis de leur culte.

    " Les Mahométans disent, selon Chardin, qu’après l’examen qui suivra la résurrection universelle, tous les corps iront passer un pont appelé Poul-Serrho, qui est jeté sur le feu éternel, pont qu’on peut appeler, disent-ils, le troisième et dernier examen & le vrai jugement final, parce que c’est là où se fera la séparation des bons d’avec les méchants…. etc."

    "Les Persans, (poursuit Chardin,) sont fort infatués de ce pont, & lorsque quelqu’un souffre une injure dont, par aucune voie ni dans aucun temps, il ne peut avoir raison, sa dernière consolation est de dire : Eh bien ! par le Dieu vivant, tu me le payeras au double au