Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t5.djvu/217

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dont le reproche tant répété prouve que ceux qui le lui font ne l’ont jamais lu ; je parle de cette promiscuité civile qui confond partout les deux sexes dans les mêmes emplois, dans les mêmes travaux, & ne peut manquer d’engendrer les lus intolérables abus ; je parle de cette subversion des plus doux sentiments de la nature, immolés à un sentiment artificiel qui ne petit subsister que par eux : comme s’il ne falloit pas une prise naturelle pour former des liens de convention ! comme si l’amour qu’on a pour ses proches n’étoit pas le principe de celui qu’on doit à l’état ! comme si ce n’étoit pas par la petite patrie, qui est la famille, que le cœur s’attache à la grande ! comme si ce n’étoit pas le bon fils, le bon mari, le gon père, qui font le bon citoyen !

Dès qu’une fois il est démontré que l’homme & la femme ne sont ni ne doivent être constitués de même, de caractère ai de tempérament, il s’ensuit qu’ils ne doivent pas avoir la même éducation. En suivant les directions de la nature, ils doivent agir de concert, mais ils ne doivent pas faire les mêmes choses ; la fin des travaux est commune, mais les travaux sont différents, & par conséquent les goûts qui les dirigent. Après avoir tâché de former l’homme naturel, pour ne pas laisser imparfoit notre ouvrage, voyons comment doit se former aussi la femme qui convient à cet homme.

Voulez-vous toujours être bien guidé, suivez toujours les indications de la nature. Tout ce qui caractérise le sexe doit être respecté comme établi par elle. Vous dites sans cesse : les femmes ont tel & tel défaut que nous n’avons pas. Votre orgueil vous trompe ; ce seroient des défauts pour vous, ce