Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t5.djvu/248

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Faites-les toujours avec le recueillement & le respect convenables ; songez qu’en demandant à l’être suprême de l’attention pour nous écouter, cela vaut bien qu’on en mette à ce qu’on va lui dire.

Il importe moins que de jeunes filles sachent sitôt leur religion, qu’il n’importe a elles la sachent bien, & surtout qu’elles l’aiment. Quand vous la leur rendez onéreuse, quand vous leur peignez toujours Dieu fâché contre elles, quand vous leur imposez en son nom mille devoirs pénibles qu’elles ne vous volent jamais remplir, que peuvent-elles penser, sinon que savoir son catéchisme et prier Dieu sont les devoirs des petites filles, & désirer d’être grandes pour s’exempter comme vous de tout cet assujettissement ? L’exemple ! l’exemple ! sans cela jamais on ne réussit à rien auprès des enfants.

Quand vous leur expliquez des articles de foi, que ce soit en forme d’instruction directe, & non par demandes & par réponses. Elles ne doivent jamais répondre que ce qu’elles pensent, & non ce qu’on leur a dicte. Toutes les réponses du catéchisme sont à contresens, c’est l’écolier qui instruit le maître ; elles sont même des mensonges dans a bouche des enfants, puisqu’ils expliquent ce qu’ils n’entendent point, & qu’ils affirment ce qu’ils sont hors d’état de croire. Parmi les hommes les plus intelligents, qu’on me montre ceux qui ne mentent pas en disant leur catéchisme.

La première question que je vois dans le nôtre est celle-ci : Qui vous a créée et mise au monde ? À quoi la petite fille, croyant bien que c’est sa mère, dit pourtant sans hésiter que c’est Dieu. La seule chose qu’elle voit là, c’est qu’à une