Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t6.djvu/120

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[*Emile, Tome II. pag. 90 in-4̊. Tome III. pag. 136 in-8̊ & in-12̊]


En effet, quel est ici le raisonnement du Vicaire ? Pour choisir entre les Religions diverses, il faut, dit-il, de deux choses l’une ; ou entendre les preuves de chaque secte & les comparer, ou s’en rapporter à l’autorité de ceux qui nous instruisent. Or le premier moyen suppose des connoissances que peu d’hommes sont en état d’acquérir, & le second justifie la croyance de chacun dans quelque Religion qu’il naisse. Il cite en exemple la Religion catholique, où l’on donne pour loi l’autorité de l’Eglise, & il établit là-dessus ce second dilemme. Ou c’est l’Eglise qui s’attribue à elle-même cette autorité, & qui dit : je décide que je suis infaillible, donc je le suis ; & alors elle tombe dans le sophisme appellé cercle vicieux : ou elle prouve qu’elle a reçu cette autorité de Dieu ; & alors il lui faut un aussi grand appareil de preuves pour montrer qu’en effet elle a reçu cette autorité, qu’aux autres sectes pour établir directement leur doctrine : il n’y a donc rien à gagner pour la facilité de l’instruction ; & le peuple n’est pas plus en état d’examiner les preuves de l’autorité de l’Eglise chez les Catholiques, que la vérité de la doctrine chez les Protestans. Comment donc se déterminera-t-il d’une maniere raisonnable autrement que par l’autorité de ceux qui l’instruisent ? Mais alors le Turc se déterminera de même. En quoi le Turc est-il plus coupable que nous ? Voilà, Monseigneur, le raisonnement auquel vous n’avez pas