Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t6.djvu/185

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mais avec les signes de la vérité & de la raison, qui ne trompent point ; avec ce Livre saint, que vous défigurez, & que nous vous expliquons. Nos miracles sont des argumens invincibles, nos prophéties sont des démonstrations : nous vous prédisons que si vous n’écoutez la voix du Christ, qui vous parle par nos bouches, vous serez punis comme des serviteurs infideles, à qui l’on dit la volonté de leur Maîtres, & qui ne veulent pas l’accomplir. "

Il n’étoit pas naturel que les Catholiques convinssent de l’évidence de cette nouvelle doctrine, & c’est aussi ce que la plupart d’entre eux se garderent bien de faire. Or on voit que la dispute étant réduite à ce point, ne pouvoit plus finir, & que chacun devoit se donner gain de cause ; les Protestans soutenant toujours que leurs interprétations & leurs preuves étoient si claires qu’il faloit être de mauvaise foi pour s’y refuser ; & les Catholiques, de leur côté, trouvant que les petits argumens de quelques Particuliers, qui même n’étoient pas sans réplique, ne devoient pas l’emporter sur l’autorité de toute l’Eglise, qui, de tout tems, avoit autrement décidé qu’eux les points débattus.

Tel est l’état où la querelle est restée. On n’a cessé de disputer sur la force des preuves ; dispute qui n’aura jamais de fin, tant que les hommes n’auront pas tous la même tête.

Mais ce n’étoit pas de cela qu’il s’agissoit pour les Catholiques. Ils prirent le change ; & si, sans s’amuser à chicaner les preuves de leurs adversaires, ils s’en fussent tenus à leur