Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t6.djvu/304

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& qui porte le nom d’Aristocratie. On doit se souvenir ici que la constitution de l’Etat & celle du Gouvernement sont deux choses très-distinctes, & que je ne les ai pas confondues. Le meilleur des Gouvernemens est l’aristocratique ; la pire des Souverainetés est l’aristocratique.

Ces discussions en amènent d’autres sur la manière dont le Gouvernement dégénère, & sur les moyens de retarder la destruction du Corps politique.

Enfin, dans le dernier Livre, j’examine, par voie de comparaison avec le meilleur Gouvernement qui ait existé, savoir celui de Rome, la police la plus favorable à la bonne constitution de l’Etat ; puis je termine ce Livre & tout l’Ouvrage par des recherches sur la manière dont la Religion peut & doit entrer comme partie constitutive dans la composition du Corps politique.

Que pensiez-vous, Monsieur, en lisant cette analyse courte & fidèle de mon Livre ? Je le devine. Vous disiez en vous-même : voilà l’histoire du Gouvernement de Geneve. C’est ce qu’ont dit à la lecture du même Ouvrage, tous ceux qui connoissent votre Constitution.

Et en effet, ce Contrat primitif, cette essence de la Souveraineté, cet empire des Loix, cette institution du Gouvernement, cette manière de le resserrer à divers degrés pour compenser l’autorité par la force, cette tendance à l’usurpation, ces assemblées périodiques, cette adresse à les ôter, cette destruction prochaine, enfin, qui vous menace & que je voulois prévenir, n’est-ce pas, trait pour trait l’image de votre République, depuis sa naissance jusqu’à ce jour ?