Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t6.djvu/329

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seul silence votre Etat seroit renversé. Ce point est important, & j’y reviendrai ci-après.

Si vos droits sont bornés d’un côté dans cet article, ils y sont étendus de l’autre par les paragraphes 3 & 4 : mais cela fait-il compensation ? Par les principes établis dans le Contrat Social, on voit que malgré l’opinion commune, les alliances d’Etat à Etat, les déclarations de Guerre & les traités de paix ne sont pas des actes de Souveraineté, mais de Gouvernement, & ce sentiment est conforme à l’usage des Nations qui ont le mieux connu les vrais principes du Droit politique. L’exercice extérieur de la Puissance ne convient point au Peuple ; les grandes maximes d’Etat ne sont pas à sa portée ; il doit s’en rapporter là-dessus à ses chefs qui, toujours plus éclairés que lui sur ce point, n’ont guère intérêt à faire au-dehors des traités désavantageux à la patrie ; l’ordre veut qu’il leur laisse tout l’éclat extérieur, & qu’il s’attache uniquement au solide. Ce qui importe essentiellement à chaque Citoyen, c’est l’observation des Loix au-dedans, la propriété des biens, la sûreté des particuliers. Tant que tout ira bien sur ces trois points, laissez les Conseils négocier & traiter avec l’étranger ; ce n’est pas de-là que viendront vos dangers les plus à craindre. C’est autour des individus qu’il faut rassembler les droits du Peuple ; & quand on peut l’attaquer séparément, on le subjugue toujours. Je pourrois alléguer la sagesse des Romains, qui, laissant au Sénat un grand pouvoir au-dehors, le forçoient dans la Ville à respecter le dernier Citoyen ; mais n’allons pas si loin chercher des modèles. Les Bourgeois de Neuchâtel se