Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t6.djvu/363

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ne soit dans le plus grand nombre, ils rassemblent leurs objections sur les moyens de le constater. Ces moyens seront toujours faciles, si-tôt qu’ils seront permis, & ils seront sans inconvénient, puisqu’il est aisé d’en prévenir les abuse.

Il ne s’agissoit là ni de tumultes, ni de violence ; il ne s’agissoit point de ces ressources quelquefois nécessaires, mais toujours terribles, qu’on vous a très-sagement interdites ; non que vous en ayez jamais abusé, puisqu’au contraire vous n’en usâtes jamais qu’à la dernière extrémité, seulement pour votre défense, & toujours avec une modération qui peut-être eût dû vous conserver le droit des armes, si quelque Peuple eût pu l’avoir sans danger. Toutefois je bénirai le Ciel, quoi qu’il arrive, de ce qu’on n’en verra plus l’affreux appareil au milieu de vous. Tout est permis dans les maux extrêmes, dit plusieurs fois l’Auteur des Lettres. Cela fût-il vrai, tout ne seroit pas expédient. Quand l’excès de la Tyrannie met celui qui la souffre au-dessus des Loix, encore faut-il que ce qu’il tente pour la détruire lui laisse quelque espoir d’y réussir. Voudroit-on vous réduire à cette extrémité ? je ne puis le croire ; & quand vous y seriez, je pense encore moins qu’aucune voie de fait pût jamais vous en tirer. Dans votre position, toute fausse démarche est fatale, tout ce qui vous induit à la faire est un piège ; & fussiez-vous un instant les maîtres, en moins de quinze jours vous seriez écrasés pour jamais. Quoique fassent vos Magistrats, quoique dise l’Auteur des Lettres, les moyens violens ne conviennent point à la cause juste : sans croire qu’on veuille vous forcer