Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t6.djvu/413

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ou d’incorrection, & il est dans la règle qu’on ait deux différens textes des mêmes Loix, l’un pour les particuliers, & l’autre pour le Gouvernement ! Ouites-vous jamais rien de semblable ? Et toutefois sur toutes ces découvertes tardives, sur tous ces refus révoltans, les Citoyens, éconduits dans leurs demandes les plus légitimes, se taisent, attendent, & demeurent en repos.

Voilà, Monsieur, des faits notoires dans votre Ville, & tous plus connus de vous que de moi ; j’en pourrois ajouter cent autres, sans compter ceux qui me sont échappés. Ceux-ci suffiront pour juger si la Bourgeoisie de Geneve est ou fut jamais, je ne dis pas remuante & séditieuse, mais vigilante, attentive, facile à s’émouvoir pour défendre ses droits les mieux établis & le plus ouvertement attaqués.

On nous dit qu’une Nation vive, ingénieuse, & très-occupée de ses droits politiques, auroit un extrême besoin de donner à son Gouvernement une force négative. *

[* Page 170.] En expliquant cette force négative on peut convenir du principe ; mais est-ce à vous qu’on en veut faire l’application ? A-t-on donc oublié qu’on vous donne ailleurs plus de sang-froid qu’aux autres Peuples ?*

[* Page 154] Et comment peut-on dire que celui de Geneve s’occupe beaucoup de ses droits politiques, quand on voit qu’il ne s’en occupe jamais que tard, avec répugnance, & seulement quand le péril le plus pressant l’y contraint ? De sorte qu’en n’attaquant pas si brusquement les droits de la Bourgeoisie, il ne tient qu’au Conseil qu’elle ne s’en occupe jamais.