Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t6.djvu/424

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qu’un pouvoir qu’ils exerçoient auparavant ? Soumettez-vous de bonne grâce, & renoncez à ces jeux d’enfans, qui, devenus frivoles, ne sont pour vous qu’un avilissement de plus.

Cet état étant le pire où l’on puisse tomber, n’a qu’un avantage ; c’est qu’il ne sauroit changer qu’en mieux. C’est l’unique ressource des maux extrêmes ; mais cette ressource est toujours grande, quand des hommes de sens & de cœur la sentent & savent s’en prévaloir. Que la certitude de ne pouvoir tomber plus bas que vous n’êtes, doit vous rendre fermes dans vos démarches ! mais soyez sûrs que vous ne sortirez point de l’abyme, tant que vous serez divisés, tant que les uns voudront agir & les autres rester tranquilles.

Me voici, Monsieur, à la conclusion de ces Lettres. Après vous avoir montré l’état où vous êtes, je n’entreprendrai point de vous tracer la route que vous devez suivre, pour en sortir. S’il en est une, étant sur les lieux mêmes, vous & vos Concitoyens la devez voir mieux que moi ; quand on sait où l’on est & où l’on doit aller, on peut se diriger sans peine.

L’Auteur des Lettres dit que, si on remarquoit dans un Gouvernement une pente à la violence, il ne faudroit pas attendre à la redresser que la tyrannie s’y fût fortifiée.*

[* Page 172.] Il dit encore, en supposant un cas qu’il traite à la vérité de chimere, qu’il resteroit un remède triste, mais légal, & qui, dans ce cas extrême, pourroit être employé comme on emploie la main d’un Chirurgien quand la gangrene se déclare. *

[* Page 101.] Si vous êtes ou non dans ce cas supposé