Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t6.djvu/431

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PRÉFACE.

J’ai tort, si j’ai pris en cette occasion la plume sans nécessité. Il ne peut m’être ni avantageux ni agréable de m’attaquer à M. d’Alembert. Je considere sa personne : j’admire ses talens : j’aime ses ouvrages : je suis sensible au bien qu’il a dit de mon pays : honoré moi-même de ses éloges, un juste retour d’honnêteté m’oblige à toutes sortes d’égards envers lui ; mais les égards ne l’emportent sur les devoirs que pour ceux dont toute la morale confine en apparences. Justice & vérité, voilà les premiers devoirs de l’homme. Humanité, patrie, voilà ses premieres affections. Toutes les fois que des ménagemens particuliers lui font changer cet ordre, il est coupable. Puis-je l’être en faisant ce que j’a du ? Pour me répondre, il faut avoir une patrie à servir, & plus d’amour pour ses devoirs que de crainte de déplaire aux hommes.

Comme tout le monde n’a pas sous les yeux l’Encyclopédie, je vais transcrire ici de l’article Geneve le passage qui m’a mis la plume à la main. Il auroit dû l’en faire tomber, si j’aspirois à l’honneur de bien écrire ; mais j’ose en rechercher un autre, dans lequel je ne crains la concurrence de personne. En lisant ce passage