Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t6.djvu/436

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inférer de mon silence que j’adhere à ce qu’il contient. Rien de tout cela ne pouvant être, il faut donc parler, il faut que je désavoue ce que je n’approuve point, afin qu’on ne m’impute pas d’autres sentimens que miens. Mes compatriotes n’ont pas besoin de mes conseils, je le sais bien ; mais moi, j’ai besoin de m’honorer, en montrant que je pense comme eux sur maximes.

Je n’ignore pas combien cet écrit, si loin de ce qu’il devroit être, est loin même de ce que j’aurois pu faire en de plus heureux jours. Tant de choses ont concouru à le mettre au-dessous du médiocre où je pouvois autrefois atteindre, que je m’étonne qu’il ne soit pas pire encore : J’écrivois pour ma patrie : s’il étoit vrai qu le zele tînt lieu de talent, j’aurois fait mieux que jamais ; mais j’ai vu ce qu’il faloit faire, & n’ai pu l’exécuter. J’ai dit froidement la vérité : qui est - ce qui se soucie d’elle ? triste recommandation pour un livre ! Pour être utile il faut être agréable, & ma plume à perd cet art-là. Tel me disputera malignement cette perte. Soit : cependant je me sens déchu & l’on ne tombe pas au-dessus de rien.

Premiérement, il ne s’agit plus ici d’un vain babil de Philosophie ; mais d’une vérité de pratique important à tout un peuple. Il ne s’agit plus de parler au petit