Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t6.djvu/85

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réponses presque uniformes, leur diront : (on se souviendra que les Théologiens n’y sont plus.) " Mes amis de-quoi vous tourmentez-vous ? Vous voilà tous d’accord sur ce qui vous importe ; quand vous différerez de sentiment sur le reste, j’y vois peu d’inconvénient. Formez de ce petit nombre d’articles une Religion universelle, qui soit, pour ainsi dire, la Religion humaine & sociale, que tout homme vivant en société soit obligé d’admettre. Si quelqu’un dogmatise contre elle, qu’il soit banni de la société, comme ennemi de ses Loix fondamentales. Quant au reste sur quoi vous n’êtes pas d’accord, formez chacun de vos croyances particulieres autant de Religions nationales, & suivez-les en sincérité de cœur. Mais n’allez point vous tourmentant pour les faire admettre aux autres Peuples, & soyez assurés que Dieu n’exige pas cela. Car il est aussi injuste de vouloir les soumettre à vos opinions qu’à vos loix, & les missionnaires ne me semblent guères plus sages que les conquérans."

"En suivant vos diverses doctrines, cessez de vous les figurer si démontrées que quiconque ne les voit pas telles soit coupable à vos yeux de mauvaise foi. Ne croyez point que tous ceux qui pesent vos preuves & les rejettent, soient pour cela des obstinés que leur incrédulité rende punissables ; ne croyez point que la raison, l’amour du vrai, la sincérité, soient pour vous seuls. Quoiqu’on fasse, on sera toujours porté à traiter en ennemis ceux qu’on accusera de se refuser à l’évidence. On plaint l’erreur, mais on hait l’opiniâtreté. Donnez la préférence à vos