Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t7.djvu/108

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Après la mort de Jésus-Christ, douze pauvres pêcheurs & artisans entreprirent d’instruire & de convertir le monde, Leur méthode croit simple ; ils préchoient sans art, mais avec un cœur pénètre, & de tous les miracles dont Dieu honoroit leur foi ; le plus frappant croit la sainteté de leur vie ; leurs disciples suivirent cet exemple, & le succès fut prodigieux. Les Prêtres PaÏens alarmes firent entendre aux Princes que l’etat etoit perdu parce que les offrandes diminuoient. Les perfections s’éleverent, & les persécuteurs ne firent qu’accélérer les progrès de cette Religion qu’ils vouloient étouffer. Tous les Chrétiens couroient au martyre, tous les Peuples couroient au baptême : l’histoire de ces premiers tems est un prodige continuel.

Cependant les Prêtres des idoles, non contens de persécuter les Chrétiens, se mirent à les calomnier ; les l’Philosophes, qui ne trouvoient pas leur compte dans une Religion qui prêche l’humilité, se joignirent à leurs Prêtres. Les simples se faisoient Chrétiens, il est vrai ; mais, les savans se moquoient d’eux, & l’on fait avec quel mépris Saint Paul lui-même fut reçu des Athéniens. Les railleries & les injures pleuvoient de toutes parts sur la nouvelle Secte.Il falut prendre la plume pour se défendre. Saint Justin Martyr * écrivit le premier l’Apologie de sa


[* Ces premiers ecrivains qui scelloient de leur sang le témoignage de leur plume, seroient aujourd’hui des Auteurs bien scandaleux ; car ils soutenoient précisément le même sentiment que moi. Saint Justin dan son entretien avec Triphon, passe en revue les diverses Sectes de Philosophie dont il avoit autrefois effraye, & les rend si ridicules qu’on croiroit lire en Dialogue Lucien : aussi voit-on dans l’Apologie de Tertullien, combien