Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t7.djvu/255

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venoit lentement & enſanglantoit ſa route. Il fit mourir Varron Conſul déſigné, comme complice de Nymphidius, & Turpilien Conſulaire, comme Général de Néron. Tous deux, exécutés ſans avoir été entendus & ſans forme de procès paſſerent pour innocens. A ſon arrivée il fit égorger par milliers les Soldats déſarmés ; préſage funeſte pour son regne & de mauvais augure même aux meurtriers. La Légion qu’il amenoit d’Eſpagne jointe à celle que Néron avoit levée, remplirent la Ville de nouvelles Troupes qu’augmentoient encore les nombreux détachemens d’Allemagne, d’Angleterre & d’Illyrie, choiſis & envoyés par Néron aux portes Caſpiennes où il préparoit la guerre d’Albanie, & qu’il avoit rappellés pour réprimer les mouvemens de Vindex. Tous gens à beaucoup entreprendre, ſans chef encore, mais prêts à ſervir le premier audacieux.

Par hazard on apprit dans ce même tems les meurtres de Macer & de Capiton. Galba fit mettre à mort le premier par l’Intendant Garucianus sur l’avis certain de ses mouvemens en Afrique, & l’autre commençant aussi à remuer en Allemagne fut traité de même avant l’ordre du Prince par Aquinus & Valens Lieutenans-généraux. Pluſieurs crurent que Capiton, quoique décrié pour ſon avarice & pour ſa débauche, étoit innocent des trames qu’on lui imputoit, mais que ſes Lieutenans s’étant vainement efforcés de l’exciter à la guerre avoient ainsi couvert leur crime, & que Galba, soit par légéreté ſoit de peur d’en trop apprendre, prit le parti d’approuver une conduite qu’il ne pouvoir plus réparer. Quoi-