Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t7.djvu/367

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verſoient à coups de traits ou de lance ſelon l’occaſion, & les perçoient d’autant plus aiſément de leurs courtes épées qu’ils n’ont point la défenſe du bouclier. Un petit nombre échapperent & ſe ſauverent dans les marais où la rigueur de l’hiver & leurs bleſſures les firent périr. Sur ces nouvelles on donna à Rome une ſtatue triomphale à Marcus Apronianus qui commandoit en Mœſie, & les ornemens conſulaires à Fulvius Aurelius, Julianus Titius & Numiſius Lupus, colonels des Légions. Othon fut charmé d’un ſuccès dont il s’attribuoit l’honneur, comme d’une guerre conduite ſous ſes auſpices & par ſes Officiers au profit de l’Etat.

Tout-à-coup il s’éleva ſur le plus léger ſujet & du côté dont on ſe défioit le mains, une ſédition qui mit Rome à deux doigts de ſa ruine. Othon ayant ordonné qu’on fît venir dans la ville la dix-ſeptieme cohorte qui étoit à Oſtie, avoit chargé Varius Criſpinus, Tribun Prétorien, du ſoin de la faire armer. Criſpinus, pour prévenir l’embarras choiſit le tems où le camp étoit tranquille & le ſoldat retiré, & ayant fait ouvrir l’arſenal, commença dès l’entrée de la nuit à faire charger les fourgons de la cohorte. L’heure rendit le motif ſuſpect, & ce qu’on avoit fait pour empêcher le désordre en produisit un très-grand. La vue des armes donna à des gens pris de vin la tentation de s’en ſervir. Les ſoldats s’emportent & traitant de traîtres leurs Officiers & Tribuns, les acculent de vouloir armer le Sénat contre Othon. Les uns déjà ivres, ne ſavoient ce qu’ils faiſoient ; les