quelle foi pourra-t-il prétendre ? Qu’il réponde, & je me rends Meſſieurs, meſſieurs, ſi vous donnez la divinité à de telles gens, qui diable reconnoîtra la vôtre ? En un mot, Peres Conſcripts, je vous demande pour prix de ma complaiſance & de ma diſcrétion de venger mes injures. Voilà mes raisons & voici mon avis.
Comme ainſi soit que le divin Claude a tué ſon beau-pere Appius Silanus, ſes deux gendres, Pompeius Magnus & Lucius Silanus, Craſſus beau-pere de ſa fille, cet homme ſi ſobre[1], & en tout ſi ſemblable à lui, Scribonie belle-mere de ſa fille, Meſſaline ſa propre femme, & mille autres dont les noms ne finiroient point, j’opine qu’il soit ſévérement puni, qu’on ne lui permette plus de ſiéger en justice, qu’enfin banni ſans retard il ait à vuider l’Olympe en trois jours & le Ciel en un mois.
Cet avis fut suivi tout d’une voix. A l’instant le Cyllénien[2] lui tordant le col le tire au ſéjour
D’où nul, dit-on, ne retourna jamais.
En deſcendant par la Voie ſacrée, ils trouvent un grand contours dont Mercure demande la cauſe. Parions, dit-il, que c’eſt ſa pompe funebre ; & en effet, la beauté du convoi, où
- ↑ Je n’ai gueres beſoin, je crois, d’avertir que ce mot eſt pris ironiquement. Suétone après avoir dit qu’en tout tems, en tout lieu Claude étoit toujours prêt à manger & boire, ajoute qu’un jour ayant ſenti de ſon tribunal l’odeur du dîné des Saliens, il planta là toute l’audience & courut ſe mettre à table avec eux.
- ↑ Mercure.