Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t7.djvu/474

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la ſienne étoit la véritable, & que toutes les autres n’étant pas celle dont Dioſcoride avoit parle devoient être proſcrites de deſſus la terre. De ce conflit réſulterent enfin des recherches, à la vérité, plus attentives & quelques bonnes obſervations qui mériterent d’être conſervées, mais en même tems un tel cahos de nomenclature que les Médecins & les Herboriſtes avoient abſolument ceſſé de s’entendre entr’eux : il ne pouvoit plus y avoir communication de lumieres, il n’y avoit plus des diſputes de mots & de noms, & même toutes les recherches & deſcriptions utiles étoient perdues faute de pouvoir décider de quelle plante chaque au avoit parlé.

Il commença pourtant à ſe former de vrais Botaniſtes, tels que Cluſius, Cordus, Ceſalpin, Geſner, & a ſe faire de bons livres & inſtructifs ſur cette matiere, dans leſquels même on trouve déjà quelques traces de méthode. Et c’étoit certainement une perte que ces pieces devinſſent inutiles & inintelligibles par la ſeule diſcordance des noms. Mais de cela même que les auteurs commençoient à réunir les eſpeces & à ſéparer les genres, chacun ſelon ſa maniere d’obſerver le port & la ſtructure apparente, il réſulta de nouveaux inconvéniens & une nouvelle obſcurité, parce que chaque auteur réglant ſa nomenclature ſur ſa méthode créoit de nouveaux genres, ou ſéparoit