Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t7.djvu/478

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Ainsi la nomenclature ſe chargeoit. Les noms des plantes devenoient non-ſeulement des phraſes mais des périodes. Je n’en citerai qu’un ſeul de Plukenet qui prouvera que je n’exagère pas. “ Gramen myloicophorum carolinianum ſeu gramen altiſſimum, panicula maxima ſpecioſa, è ſpecis majoribus compreſſiusculis utrinque pinnatis blattam molendariam quodam modo referentibus, compoſita, foliis convolutus mucronatis pungentibus ” Almag. 137.

C’en étoit fait de la Botanique ſi ces pratiques euſſent été suivies ; devenue abſolument inſupportable, la nomenclature ne pouvoit plus ſubſiſter dans cet état, & il faloit de toute néceſſité qu’il s’y fît une reforme ou que la plus riche, la plus aimable, la plus facile des trois parties de l’Hiſtoire naturelle fût abandonnée.

Enfin M. Linnæus plein de ſon ſyſtême ſexuel & des vaſtes idées qu’il lui avoit ſuggérées, forma le projet d’une refonte générale dont tout le monde ſentoit le beſoin, mais dont nul n’oſoit tenter l’entrepriſe. Il fit plus, il l’exécuta, & après avoir préparé dans ſon Critica Botanica les regles ſur lesquelles ce travail devoit être il conduit, il détermina dans son Genera plantarum ces genres des plantes, enſuite les eſpeces dans ſon Species ; de ſorte que gardant tous les anciens noms qui pouvoient s’accorder avec ces nouvelles regles & refondant tous les autres, il établit