Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t7.djvu/479

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enfin une nomenclature éclairée, fondée ſur les vrais principes de l’art qu’il avoit lui-même expoſés. Il conſerva tous ceux des anciens genres qui étoient vraiment naturels, il corrigea, ſimplifia, réunit ou diviſa les autres ſelon que le requéroient les vrais caracteres. Et dans la confection des noms, il ſuivoit quelquefois même un peu trop ſévérement ſes propres regles.

À l’égard des eſpeces, il faloit bien pour les déterminer des deſcriptions & des différences ; ainsi les phrases reſtoient toujours indiſpenſables, mais s’y bornant à un petit nombre de mots techniques bien choiſis & bien adaptés, il s’attacha à faire de bonnes & breves définitions tirées des vrais caracteres de la plante, banniſſant rigoureuſement tout ce qui lui étoit étranger. Il falut pour cela créer, pour ainſi dire, à la Botanique une nouvelle langue qui épargnât ce long circuit de paroles qu’on voit dans les anciennes deſcriptions. On s’est plaint que les mots de cette langue n’étoient pas tous dans Cicéron. Cette plainte auroit un ſens raiſonnable, ſi Cicéron eût fait un traité complet de Botanique. Ces mots cependant ſont tous grecs ou latins, expreſſifs, courts, ſonores, & forment même des conſtructions élégantes par leur extrême préciſion. C’eſt dans la pratique journalière de l’art, qu’on ſent tout l’avantage de cette nouvelle langue, auſſi commode & néceſſaire Botaniſtes qu’eſt celle de l’Algebre aux Géometres.