Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t7.djvu/484

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complete. Il s’eſt contenté pour les plantes anciennement connues de citer les Pauhins & Clusius, & une figure de chaque plante. Pour les plantes exotiques découvertes récemment, il a cité un ou deux auteurs modernes & les figures Rheedi, de Rumphius & quelques autres, & s’en eſt tenu-là. Son entrepriſe n’exigeoit pas de lui une compilation plus étendue, & c’étoit aſſez qu’il donnât un ſeul renſeignement ſûr pour chaque plante dont il parloit.

Tel eſt l’état actuel des choses. Or sur cet expose je demande à tout lecture ſenſé comment il eſt poſſible de s’attacher à l’étude des plantes, en rejettant celle de la nomenclature ? c’eſt comme ſi l’on vouloit ſe rendre ſavant dans une langue sans vouloir en apprendre les mots. Il eſt vrai que les noms ſont arbitraires, que la connoiſſance des plantes ne tient point néceſſairement à celle de la nomenclature, & qu’il est aiſé de ſuppoſer qu’un homme intelligent pourroit être un excellent Botaniſte, quoiqu’il ne connût pas une ſeule plante par ſon nom. Mais qu’un homme ſeul, ſans livres & ſans aucun ſecours des lumieres communiquées, parvienne à devenir de lui-même un très-médiocre Botaniſte, c’eſt une aſſertion ridicule à faire & une entrepriſe impoſſible à exécuter. Il s’agit de ſavoir ſi trois cents ans d’études & d’obſervations doivent être perdus pour la Botanique, ſi trois cents