Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t7.djvu/503

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à quelques parties plus eſſentielles que d’autres à une fleur, ce ſont certainement le piſtil & les étamines. Or, dans toute la famille des cucurbitacées & même dans toute la claſſe des monoïques, la moitié des fleurs ſont ſans piſtil, l’autre moitié sans étamines, & cette privation n’empêche pas qu’on ne les nomme & qu’elles ne ſoient les unes & les autres de véritables fleurs. L’eſſence de la fleur ne conſiſte donc ni ſéparément dans quelques-unes de ſes parties dites conſtituantes, ni même dans l’aſſemblage de toutes ces parties. En quoi donc conſiſte proprement cette eſſence ; voilà la question. Voilà la difficulté, & voici la ſolution par laquelle Pontedera à tâché de s’en tirer.

La fleur, dit-il, eſt une partie dans la plante différente des autres par ſa nature & par ſa forme, toujours adhérente & utile à l’embrion, ſi la fleur à un piſtil, & ſi le piſtil manque, ne tenant à nul embrion.

Cette définition peche, ce me ſemble, en ce qu’elle embraſſe trop. Car lorsque le piſtil manque, la fleur n’ayant plus d’autres caracteres que de différer des autres parties de la plante par ſa nature & par ſa forme, on pourra donner ce nom aux Bractées, aux Stipules, aux Nectarium, aux Epines & à tout ce qui n’eſt ni feuilles ni branches. Et quand la corolle eſt tombée & que le fruit approche de ſa maturité, on pourroit encore donner le nom de fleur au calice & au réceptacle, quoique réellement il n’y ait alors plus de fleur. Si donc cette définition convient omni, elle ne convient pas ſoli, & manque par-là d’une des deux principales conditions requiſes. Elle laisse d’ailleurs un vuide dans l’eſprit, qui est le plus grand