Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t7.djvu/505

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chaque ſexe ; & ſi l’on fait entrer d’autres parties, comme le calice & la corolle dans la compoſition de la fleur, ce ne peut être comme eſſentielles, mais ſeulement comme nutritives & conſervatrices de celles qui le ſont. Il y a des Fleurs ſans calice, il y en a ſans corolle. Il y en a même ſans & ſans l’autre ; mais il n’y en a point & il n’y en ſauroit avoir qui ſoient en même tems ſans piſtil & ſans étamines.

La Fleur eſt une partie locale & paſſagere de la plante qui précede la fécondation du germe, & dans laquelle ou par laquelle elle s’opere.

Je ne m’étendrai pas à juſtifier ici tous les termes de cette définition qui peut-être n’en vaut pas la peine ; je dirai ſeulement que le mot précede m’y paroit eſſentiel, parce que le plus ſouvent la corolle s’ouvre & s’épanouit avant que les anthères s’ouvrent à leur tour, & dans ce cas il eſt inconteſtable que la Fleur préexiſte à l’œuvre de la fécondation. J’ajoute que cette fécondation s’opere dans elle ou par elle, parce que dans les Fleurs mâles des plantes androgynes & dioïques, il ne s’opere aucune fructification, & qu’elles n’en ſont pas moins des Fleurs pour cela.

Voilà, ce me ſemble, la notion la plus juſte qu’on puiſſe ſe faire de la Fleur, & la ſeule qui ne laiſſe aucune priſe aux objections qui renverſent toutes les autres définitions qu’on a tente d’en donner juſqu’ici. Il faut ſeulement ne pas prendre trop ſtrictement le mot durant que j’ai employé dans la mienne. Car même avant que la fécondation du germe ſoit commencée, on peut dire que la Fleur exiſte auſſi-tôt que les organes ſexuels ſont en évidence, c’eſt-à-dire, auſſi-tôt que la corolle eſt épanouie, & d’ordinaire les anthères ne s’ouvrent pas à