Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t7.djvu/579

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peut-être pris que pour des étamines, ſont encore autant de véritables fleurs. Si vous aviez déjà les doigts exercés aux diſſections botaniques, que vous vous armaſſiez d’une bonne loupe & de beaucoup de patience, je pourrois vous convaincre de cette vérité par vos propres yeux ; mais pour le préſent il faut commencer, s’il vous plaît, par m’en croire ſur ma parole, de peur de fatiguer votre attention ſur des atomes. Cependant, pour vous mettre au moins ſur la voie, arrachez une des folioles blanches de la couronne ; vous croirez d’abord cette foliole plate d’un bout à l’autre ; mais regardez-la bien par le bout qui étoit attaché à la fleur, vous verrez que ce bout n’eſt pas plat, mais rond & creux en forme de tube, & que de ce tube ſort un petit filet à deux cornes ; ce filet eſt le ſtyle fourchu de cette fleur, qui comme vous voyez n’eſt plate que par le haut.

Regardez maintenant les brins jaunes qui ſont au milieu de la fleur & que je vous ai dit être autant de fleurs eux-mêmes ; ſi la fleur eſt aſſez avancée vous en verrez pluſieurs tout autour, leſquels ſont ouverts dans le milieu & même découpés en pluſieurs parties. Ce ſont des corolles monopétales qui s’épanouiſſent, & dans leſquelles la loupe vous feroit aiſément diſtinguer le piſtil & même les anthères dont il eſt entouré. Ordinairement les fleurons jaunes qu’on voit au centre ſont encore arrondis & non percés. Ce ſont des fleurs comme les autres, mais qui ne ſont pas encore épanouies ; car elles ne s’épanouiſſent que ſucceſſivement en avançant des bords vers le centre. En voilà aſſez pour vous montrer à l’œil la poſſibilité que tous ces brins tant blancs que