Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t8.djvu/267

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


La paix seroit dans tous les cœurs.
Malheur au mortel méprisable,
Qui dans son ame insatiable,
Nourrit l’ardente soif de l’or ;
Que du vil penchant qui l’entraîne,
Chaque instant il trouve la peine
Au fond même de son trésor.
Malheur à l’ame ambitieuse,
De qui l’insolence odieuse
Veut asservir tous les humains !
Qu’a ses rivaux toujours en bute,
L’abîme apprête pour sa chute
Soit creuse de ses propres mains !
Malheur à tout homme farouche,
A tout mortel que rien ne touche
Que sa propre félicité !
Qu’il éprouve dans sa misere,
De la part de son propre frere,
La même insensibilité !
Sans doute un cœur ne pour le crime,
Est fait pour être la victime
De ces affreuses passions ;
Mais jamais du Ciel condamnée,
On ne vit une ame bien née
Céder à leurs séductions.
Il en est de plus dangereuses,
De qui les amorces, flatteuses
Déguisent bien mieux le poison,