Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t8.djvu/336

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positions pour la même touche & pour chaque touche de l’instrument : il est certain que cette multiplication d’idées nuit à leur netteté ; il y à même bien des Symphonistes qui ne les possédent jamais toutes à un certain point, quoique toutes les huit clefs soient d’usage sur plusieurs instrumens.

Mais renfermons-nous dans l’examen de ce qui arrive sur une seule clef. On s’imagine que la même note doit toujours exprimer l’idée de la même touche, & cependant cela est très-faux : car par des accidens fort communs, causes par les dièses & les bémols, il arrive à tout moment, non-seulement que la note si devient la touche ut que la note mi devient la touche sa & réciproquement, mais encore qu’une note diésée à la clef & diésée par accident monte d’un ton tout entier, qu’un fa devient un sol, un ut un re, &c. & qu’au contraire par un double bémol un mi deviendra un re, un si un la & ainsi des autres. Ou en est donc la précision de nos idées ? Quoi ! je vois un sol & il saut que je touche un la ! Est-ce la ce rapport si juste, si vante, auquel on veut sacrifier celui de la modulation ?

Je ne nie pas cependant qu’il n’y ait quelque chose de très-ingénieux dans l’invention des accidens ajoutes à la clef pour indiquer, non pas les différens tons, car ils ne sont pas toujours connus par- la, mais les différentes altérations qu’ils causent. Ils n’expliquent pas mal la théorie des progressions, c’est dommage qu’ils fassent acheter si cher cet avantage par la peine qu’ils donnent dans la pratique du chant & des instrumens. Que me sert, à moi, de savoir qu’un tel demi-ton à change de place, & que de-la on l’à transporte la pour en