Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t8.djvu/496

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seulement tacher d’établir quelques principes, sur lesquels, en attendant qu’on en trouve de meilleurs, les maîtres de l’Art, ou plutôt les Philosophes pussent diriger leurs recherches : car, disoit autrefois un Sage, c’est au Poete a faire de la Poésie, & au Musicien a faire de la Musique ; mais il n’appartient qu’au Philosophe de bien parler de l’une & de l’autre.

Toute Musique ne peut être composée que de ces trois choses ; mélodie ou chant, harmonie ou accompagnement, mouvement ou mesure.*

[*Quoiqu’on entende par mesure la détermination du nombre & du rapport des tems, & par mouvement celle du degré de vitesse, j’ai cru pouvoir ici confondre ces chose l’idée générale de modification de la durée ou du tems]

Quoique le chant tire son principal caractere de la mesure ; comme il naît immédiatement de l’harmonie, & qu’il assujettit toujours l’accompagnement a sa marche, j’unirai ces deux parties dans un même article, puis je parlerai de la mesure séparément.

L’harmonie ayant son principe dans la nature, est la même pour toutes les Nations, ou si elle a quelques différences, elles sont introduites par celle de la mélodie ; ainsi, c’est de la mélodie seulement qu’il faut tirer le caractere particulier d’une Musique Nationale ; d’autant plus que ce caractere étant principalement donne par la langue, le chant proprement dit doit ressentir sa plus grande influence.

On peut concevoir des langues plus propres à la Musique les unes que les autres ; on ne peut concevoir qui ne le seroient