Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t8.djvu/526

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sont si souvent marcher leurs quintes*

[*On peut remarquer a l’Orchestre de notre Opéra que, dans la Musique Italienne, les quintes ne jouent presque jamais leur partie quand elle est à l’octave de la Basse, peut-être ne daigne-t-on pas même la copier en pareil cas. Ceux qui conduisent l’Orchestre ignoreroient-ils que ce défaut de liaison entre la Basse & le dessus rend l’harmonie trop sèche ?] avec la Basse, au lieu de leur donner une autre partie, comme les François ne manquent jamais de faire. Mais ceci, qui pouvoit rendre raison de la netteté des accords, n’en rendoit pas de leur énergie, & je vis bientôt qu’il devoir y avoir quelque principe plus cache & plus fin de l’expression que je remarquois dans la simplicité de l’harmonie Italienne, tandis que je trouvois la notre si composée, si froide & si languissante.

Je me souvins alors d’avoir lu dans quelque ouvrage de M. Rameau, que chaque consonnance a son caractere particulier, c’est-à-dire, une maniere d’affecter l’ame qui lui est propre ; que l’effet de la tierce n’est point le même que celui de la quinte, ni l’effet de la quarte le même que celui de la sixte. De même les tierces & les sixtes mineures doivent produire des affections différentes de celles que produisent les tierces & les sixtes majeures ; & ces faits une fois accordes, il s’ensuit assez évidemment que les dissonances & tous les intervalles possibles seront aussi dans le même cas. Expérience que la raison confirme, puisque toutes les fois que les rapports sont differens, l’impression ne sauroit être la même.

Or, me disois-je à moi-même en raisonnant d’après cette supposition, je vois clairement que deux consonnances ajouter l’une à l’autre mal à propos, quoique selon les regles des