Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t8.djvu/576

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ne leur eut paru d’une barbarie insupportable. Donc ils en jugeoient sur un autre principe que nous.

Les Grecs n’ont reconnu pour consonnances que celles que nous appellons consonnances parfaites ; ils ont rejette de ce nombre les tierces & les sixtes. Pourquoi cela ? C’est que l’intervalle du ton mineur étant ignore d’eux ou du moins proscrit de la pratique, & leurs consonnances n’étant point tempérées, toutes leurs tierces majeures etoient trop sortes d’un comma, & leurs tierces mineures trop foibles d’autant, & par conséquent leurs sixtes majeures & mineures altérées de même. Qu’on pense maintenant quelles notions d’harmonie on peut avoir, & quels modes harmoniques on peut établir, en bannissant les tierces & les sixtes du nombre des consonnances ! Si les consonnances mêmes qu’ils admettoient leur eussent été connues par un vrai sentiment d’harmonie, ils les eussent du sentir ailleurs que dans la mélodie, ils les auroient, pour ainsi dire, sous-entendues au-dessous de leurs chants : la consonnance tacite des marches fondamentales leur eut fait donner ce nom aux marches diatoniques qu’elles engendroient ; loin d’avoir eu moins de consonnances que nous, ils en auroient eu davantage, & préoccupes, par exemple, de la Basse tacite ut sol, ils eussent donne le nom de consonnance a l’intervalle mélodieux d’ut à re.

"Quoique l’auteur d’un chant, dit M. Rameau, ne connoisse pas les sons fondamentaux dont ce chant dérive, il ne puise pas moins dans cette source unique de toutes nos productions en Musique." Cette doctrine est sans doute fort savante, car il m’est impossible de l’entendre. Tachons, s’il se peut, de m’expliquer ceci.