Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t8.djvu/70

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cela est divin ! Ah ! qu’Angelique ne se flatte pas de soutenir la comparaison avec tant de charmes.

ANGELIQUE, saisissant le portrait.

Je n’ai garde assurément. Mais qu’il me soit permis de partager votre admiration. La connoissance des charmes de cette heureuse rivale adoucira du moins la honte de ma défaite.

VALERIE.

O ciel !

Angelique.

Qu’avez-vous donc ? vous paroissez tout interdit. Je n’aurois jamais cru qu’un petit-maître sur si aise à décontenancer.

Valere.

Ah ! cruelle, vous connoissez tout l’ascendant que vous avez sur moi, & vous m’outragez sans que je puisse répondre.

Angelique.

C’est fort mal fait, en vérité ; & régulièrement vous devriez me dire des injures. Allez, Chevalier, j’ai pitié de votre embarras. Voilà votre portrait ; & je suis d’autant moins fâchée que vous en aimiez l’original, que vos sentimens sont sur ce point tout-à-fait d’accord avec les miens.

Valere.

Quoi ! vous connoissez la personne ?

Angelique.

Non-seulement je la connois, mais je puis vous dire qu’elle est ce que j’ai de plus cher au monde.