Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t8.djvu/92

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Marton.

Voyez si pas un d’eux desserrera les dents ! la peste des sots amans & de la sotte jeunesse dont l’inutile babil ne tarit point, & qui ne savent trouver un mot dans une occasion nécessaire !

Lisimon.

Allons, vous savez tous mes intentions ; vous n’avez qu’a vous y conformer.

LéANDRE.

Eh, Monsieur ! daignez suspendre votre courroux. Ne lisez-vous pas le repentir des coupables dans leurs yeux & dans leur embarras, & voulez-vous confondre les innocens dans la même punition ?

Lisimon.

Cà, je veux bien avoir la foiblesse d’éprouver leur obéissance encore une fois. Voyons un peu. Eh bien, Monsieur Valere, faites-vous toujours des réflexions ?

Valere.

Oui, mon pere ; mais au lieu des peines du mariage, elles ne m’en offrent plus que les plaisirs.

Lisimon.

Oh, oh ! vous avez bien change de langage ! Et toi, Lucinde, aimes-tu toujours bien ta liberté ?

Lucinde.

Je sens, mon pere, qu’il peut être doux de la perdre sous les loix du devoir.