Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t9.djvu/161

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M. Rameau, dans sa Dissertation sur les différentes Méthodes d’Accompagnement, a trouvé un grand nombre de défauts dans les Chiffres établis. Il a fait voir qu’ils sont trop nombreux & pourtant insuffisans, obscurs, équivoques ; qu’ils multiplient inutilement les Accords, & qu’ils n’en montrent en aucune maniere la liaison.

Tous ces défauts viennent d’avoir voulu Chiffres aux Notes arbitraires de la Basse-continue, au lieu de les rapporter immédiatement à l’Harmonie fondamentale. La Basse-continue fait, sans doute, une partie de l’Harmonie ; mais elle n’en fait pas le fondement, cette Harmonie est indépendante des Notes de cette Basse, & elle a son progrès déterminé auquel la Basse même doit assujettir sa marche. En faisant dépendre les Accords & les Chiffres qui les annoncent des Notes de la Basse & de leurs différentes marches, on ne montre que des combinaisons de l’Harmonie au lieu d’en montrer la base, on multiplie à l’infini le petit nombre des Accords fondamentaux, & l’on forcé en quelque sorte l’Accompagnateur de perdre de vue à chaque instant la véritable succession harmonique.

Après avoir fait de très-bonnes observations sur la mécanique des doigts dans la pratique de l’Accompagnement, M. Rameau propose de substituer à nos Chiffres d’autres Chiffres beaucoup plus simples, qui rendent cet Accompagnement tout-à-fait indépendant de la Basse-continue ; de forte que, sans égard à cette Basse & même sans la voir, on accompagneroit sur les Chiffres seuls avec plus de précision