Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t9.djvu/245

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"De quel front, dit-il, si nos Regles sont bonnes, osent Déchanter ou composer le Discant, ceux qui n’entendent rien au choix des Accords, qui ne se doutent pas même de ceux qui sont plus ou moins concordans, qui ne savent ni desquels il faut s’abstenir, ni desquels on doit user le plus fréquemment, ni dans quels lieux il les faut employer, ni rien de ce qu’exige la pratique de l’Art bien entendu ? S’ils rencontrent, c’est par hasard ; leurs Voix errent sans regle sur le Tenor : qu’elles s’accordent, si Dieu le veut ; ils jettent leurs Sons à l’aventure, comme la pierre que lance au but une main mal-adroite, & qui de cent fois le touche à peine une." Le bon Magister Muris apostrophe ensuite ces corrupteurs de la pure & simple Harmonie, dont son siecle abondoit ainsi que le nôtre. Heu ! proh dolor ! His temporibus aliqui suum defectum inepto proverbio colorare moliuntur. Iste est, inquiunt, novus discantandi modus, novis scilicet uti consonantiis. Offendunt ii intellectum eorum qui tales defectus agnoseunt, offendunt sensum ; nam inducere cum deberent delectationem, adducunt tristitiam.O incongruum proverbium ! mala coloratio ! irrationabilis excusatio ! magnus abusus, magna ruditas, magna bestialitas, ut asinus sumatur pro homine, capra pro leone, ovis pro pisce, serpens pro salmon ! Sic enim con cordiae confunduntur cum discordiis, ut nullatenus una distinguatur ab aliâ. ! si antiqui periti Musicae doctores tales audissent Discantatores, quid dixissent ? Quid fecissent ? Sic discantantem increparent, & dicerent : Non hunc discantum quo uteris de me sumis. Non tuum cantum unum & concordantem