Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t9.djvu/366

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ne leveroit pas, à beaucoup près, les difficultés. Si, comme. le prétend M. Rameau, toute l’Harmonie est dérivée de la résonnance du corps sonore, il n’en dérive donc point des seules vibrations du corps sonore qui ne résonne pas. En effet, c’est une étrange théorie de tirer de ce qui ne résonne pas, les principes de l’Harmonie ; & c’est une étrange physique de faire vibrer & non résonner le corps sonore, comme si le Son lui-même étoit autre chose que l’air ébranlé par ces vibrations. D’ailleurs, le corps sonore ne donne pas seulement, outre le Son principal, les Sons qui composent avec lui l’Accord parfait, mais une infinité d’autres Sons, formés par toutes les aliquotes du corps sonore, lesquels n’entrent point dans cet Accord parfait. Pourquoi les premiers sont-ils consonnans, & pourquoi les autres ne le sont ils pas, puisqu’ils sont tous également donnés par la Nature ?

Tout Son donne un Accord vraiment parfait, puisqu’il est formé de tous ses Harmoniques, & que c’est par eux qu’il est un Son. Cependant ces Harmoniques ne s’entendent pas, & l’on ne distingue qu’un Son simple, à moins qu’il ne soit extrêmement fort ; d’où il suit que la seule bonne Harmonie est l’Unisson, & qu’aussi-tôt qu’ on distingue les Consonnances, la proportion naturelle étant altérée, l’Harmonie a perdu sa pureté.

Cette altération se fait alors de deux manieres. Premiérement en faisant sonner certains Harmoniques, & non pas les autres, on change le rapport de forcé qui doit régner entr’eux tous, pour produire la sensation d’un Son unique, & l’unité de la Nature est détruite. On produit, en doublant ces Harmoniques, un effet semblable à celui qu’on