Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t9.djvu/485

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mêmes dans les trois Genres, qu’il y en avoit de communs aux trois & de propres à chacun, & qu’il faloit, par conséquent, des Notes pour exprimer ces différences ; troisiémement, que la Musique se notoit pour les Instrumens autrement que pour les Voix, comme nous avons encore aujourd’hui pour certains Instrumens à cordes une tablature qui ne ressemble en rien à celle de la Musique ordinaire ; enfin, que les Anciens ayant jusqu’à quinze Modes différens, selon le dénombrement d’Alypius, (voyez MODE.) il falut approprier des caracteres à chaque Mode, comme on le voit dans les Tables du même Auteur. Toutes ces modifications exigeoient des multitudes de signes auxquels les vingt-quatre lettres étoient bien éloignées de suffire. De-là la nécessité d’employer les mêmes lettres pour plusieurs sortes de Notes ; ce qui les obligea de donner à ces lettres différentes situations, de les accoupler, de les mutiler, de les alonger en divers sens. Par exemple, la lettre Pi écrite de toutes ces manieres music exprimoit cinq différentes Notes. En combinant toutes les modifications qu’exigeoient ces diverses circonstances, on trouvé jusqu’à 1620 différentes Notes : nombre prodigieux, qui devoir rendre l’étude de la Musique de la plus grande difficulté. Aussi l’étoit-elle selon Platon, qui veut que les jeunes gens se contentent de donner deux ou trois ans à la Musique, seulement pour en apprendre les rudimens. Cependant les Grecs n’avoient pas un sa grand nombre de caracteres, mais la même Note avoir quelquefois différentes significations selon les occasions : ainsi le même caractere qui marque la Proslambanomene du Mode