Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t9.djvu/596

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en notant le Récitatif sur quelque Mesure déterminée, n’a en vue que de fixer la correspondance de la Basse-continue & du Chant & d’indiquer, à-peu-près, comment on doit marquer la quantité des syllabes, cadencer & scander les vers. Les Italiens ne se servent jamais pour leur Récitatif que de la Mesure à quatre Tems ; mais le François entremêlent le leur de toutes sortes de Mesures.

Ces derniers arment aussi la Clef de toutes sortes de Transpositions, tant pour le Récitatif que pour les Airs : ce que ne sont pas les Italiens ; mais ils notent toujours le Récitatif au naturel : la quantité de Modulations dont ils le chargent, & la promptitude des Transitions, faisant que la Transposition convenable à un Ton ne l’est plus à ceux dans lesquels on passe, muliplieroit trop les Accidens sur les mêmes Notes, & rendroit le Récitatif presque impossible à suivre, & très-difficile à noter.

En effet, c’est dans le Récitatif qu’on doit faire usage des Transitions harmoniques les plus recherchées, & des plus savantes Modulations. Les Airs n’offrant qu’un sentiment, qu’une image, renfermés enfin dans quelque unité d’expression, ne permettent gueres au Compositeur de s’éloigner du Ton principal ; & s’il vouloit moduler beaucoup dans un si court espace, il n’offriroit que des Phrases étranglées, entassées, & qui n’auroient ni liaison, ni goût, ni Chant. Défaut très-ordinaire dans la Musique Françoise, & même dans l’Allemande.

Mais dans le Récitatif, où les expressions, les sentimens ; les idées varient à chaque instant, on doit employer des