Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t9.djvu/597

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Modulations également variées qui puissent représenter par leurs contextures, les successions exprimées par le discours du Récitant. Les inflexions de la Voix parlante ne sont pas, bornées aux Intervalles musicaux ; elles sont infinies & impossibles à déterminer. Ne pouvant donc les fixer avec une certaine précision, le Musicien, pour suivre la parole, doit au moins les imiter le plus qu’il est possible ; & afin de porter dans l’esprit des Auditeurs l’idée des Intervalles & des Accens qu’il ne peut exprimer en Notes, il a recours à des. Transitions qui les supposent : si, par exemple, l’Intervalle du semi-Ton majeur au mineur lui est nécessaire, il ne les notera pas, il ne sauroit ; mais il vous en donnera l’idée a l’aide d’un passage enharmonique. Une marche de Basse suffit souvent pour changer toutes les idées, & donner au Récitatif l’Accent & l’inflexion que l’Acteur ne peut exécuter.

Au reste, comme il importe que l’Auditeur soit attentif au Récitatif, & non pas à la Basse, qui doit faire son effet sans être écoutée, il suit de-là que la Basse doit rester sur la même Note autant qu’il est possible ; car c’est au moment qu’elle change de Note & frappe une autre corde, qu’elle se fait écouter. Ces momens étant rares & bien choisis, n’usent point les grands effets ; ils distraisent moins fréquemment le Spectateur & le laissent plus aisément dans la persuasion qu’il n’entend que parler, quoique l’Harmonie agisse continuellement sur son oreille. Rien ne marque un plus mauvais Récitatif que ces Basses perpétuellement sautillantes, qui courent de Croche en Croche après la succession harmonique, & sont, sous la Mélodie de la Voix,