Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t9.djvu/660

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cette troisieme qualité du Son & ses différencés ; ce qui, peut-être, n’est pas trop aisé.

Les trois qualités principales dont je viens de parler en trent toutes, quoiqu’en différentes proportions, dans l’objet de la Musique, qui est le Son en général.

En effet, le Compositeur ne considere pas seulement les Sons qu’il emploie doivent être hauts ou bas, graves aigus ; mais s’ils doivent être forts ou foibles, aigres doux, sourds ou éclatans ; & il les distribue à différens Instrumens, à diverses Voix, en Récits ou en Chœurs, aux extrémités ou dans le Medium des Instrumens ou des Voix, avec des Doux ou des Forts, selon les convenances de tout cela.

Mais il est vrai que c’est uniquement dans la comparaison des Sons du grave à l’aigu que consiste toute la science Harmonique : de sorte que, comme le nombre des Sons est infini, l’on peut dire dans le même sens que cette science est infinie dans son objet. On ne conçoit point de bornes précises à l’étendue des Sons du grave à l’aigu, & quelque petit que puisse être l’Intervalle qui est entre deux Son, on le concevra toujours divisible par un troisieme Son : mais la nature & l’art ont limité cette infinité dans la pratique de la Musique. On trouvé bientôt dans les Instrumens les bornes des Sons praticables, tant au grave qu’à l’aigu. Alongez ou raccourcissez jusqu’à un certain point une Corde sonore, elle n’aura plus de Son. L’on ne peut pas non plus augmenter ou diminuer à volonté la capacité d’une Flûte ou d’un tuyau d’Orgue ni sa longueur ; il y a des bornes,