Page:Rousseau - Du Contrat social éd. Beaulavon 1903.djvu/135

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LIVRE PREMIER 125

En effet, s'il n'y avait point de convention anté rienre, où serait, à moins que l'élection ne lût unanime, l'obligation, pour le petit nombre, de se soumettre au choix du grand? Et d'où cent qui veulent un maître ont-ils le droit de voter pour dix qui n'en veulent point ? La loi de la pluralité des suffrages est elle-même un établissement de conven- tion ('), et suppose, au moins une fois, l'unanimité.

��CHAPITRE VI

��DU PACTE SOCIAL

Je suppose ( 2 ) les hommes parvenus à ce point où les obstacles qui nuisent à leur conservation

peuple considéré en cet état, une souveraineté qui est déjà une espèce de gouvernement, c'est mettre un gouvernement avant tout gouvernement, et se contredire soi-même. Loin que le peuple en cet état soit souverain, il n'y a pas même de peuple en cet état... ». — Rousseau s'empare de l'argu- ment de Bossuet, le dirige contre Grotius, et en préserve son propre système, car, pour Rousseau, le contrat premier ne consiste pas dans l'établissement d'un gouvernement, mais dans l'établissement même de la souveraineté du peuple.

( 4 ) Ce qui ne veut pas dire arbitraire et illogique, tout au contraire. C'est la raison même qui pousse les hommes, lorsqu'ils veulent constituer un même corps poli- tique, à accepter la loi des majorités, seul principe compa- tible avec l'égalité primitive. Mais cette loi n'est respectable que parce qu'elle est reconnue par une convention tacite : autrement, le droit de la majorité se ramènerait au droit de la force et cesserait par conséquent d'être un droit

( 2 ) En commençant par ce mot le chapitre le plus important de son ouvrage, Rousseau montre bien que le

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