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LIVRE DEUXIÈME l53

une de ces associations est si grande qu'elle l'emporte sur toutes les autres, vous n'avez plus pour résultat une somme de petites différences, mais une diffé- rence unique (*) ; alors il n'y a plus de volonté générale, et l'avis qui l'emporte n'est qu'un avis particulier.

Il importe donc, pour avoir bien l'énoncé de la volonté générale, qu'il n'y ait pas de société partielle dans l'Etat, et que chaque citoyen n'opine que d'après lui (a) : telle fut l'unique et sublime institu-

particulières, en y substituant des réponses d'abord concer- tées en vue des intérêts particuliers d'un certain groupe, rendra donc plus malaisée la découverte de la volonté générale. — Rousseau n'oublie-t-il pas que des associations particulières peuvent être au contraire fort utiles pour éclairer la volonté des individus et rendre ainsi plus aisée, la manifestation de la volonté générale ? Cf. Introd. ch. I, § 5 et 6.

(*) Ces mots ne sont pas très clairs. Cela veut dire, je crois, que tous les associés s'étant concertés d'avance, leurs volontés diffèrent toutes par le même caractère de celles des autres citoyens : dès lors, cette différence ne se trouve plus éliminée quand on fait la balance des plus et des moins ; elle subsiste au contraire, elle passe pour une volonté générale, quoiqu'elle ne soit en réalité que le résultat d'un concert entre des volontés particulières.

(a) « Vera cosa è, dit Machiavel, che alcuni divisioni nuo- cono aile Republiche, e alcune giovano : quelle nuoeorio che sono d'aile sette e da partigiani accompagnate : quelle giovano che senza sette, senza partigiani, si mantengono. Non potendo adunque provedere un fundatore d'una Repu- blica che non siano inimieizie in quella, ha da proveder almeno che non visiano sette. » (Hist. Florent., liv. VII). (Note de Rousseau). « A la vérité, il y a des divisions qui nuisent à une République et d'autres qui lui profitent : celles-là lui nuisent, qui suscitent des sectes et des partis ; celles-ci lui profitent, que n'accompagnent ni sectes ni

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