Page:Rousseau - Du Contrat social éd. Beaulavon 1903.djvu/83

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INTRODUCTION ?3

termine par une invocation à l'ombre de Rousseau, à qui elle demande de soutenir le courage de « l'ange tutélaire de la France » (M. Necker, son père) et d ins- pirer de son esprit les Etats-généraux. C'est donc sous les auspices du Contrat social que la Révolution va s'ouvrir. Les cahiers en parlent le style et en reprodui- sent souvent les idées ( 1 ).

Quant à la Révolution elle-même, il faut d'abord écarter l'opinion, longtemps classique, qu'il n'y a eu à se réclamer de Rousseau que le parti jacobin, que l'influence du Contrat social commence à se faire sentir quand la suprématie passe aux Montagnards dans la Convention et qu'elle atteint son apogée avec l'établisse- ment de la Terreur. Cette théorie commode et trop simple, qui rattache la Constituante à Montesquieu, les Girondins à Voltaire et la Montagne à Rousseau ( 2 ), est en complet désaccord avec les faits et plusieurs his- toriens récents en ont fait bonne et complète justice ( 3 ). En réalité, Rousseau a été invoqué par tous les partis, du premier jour de la Révolution jusqu'à la fin du Consulat. Dans un très intéressant ouvrage composé à la fin de 1790, Ph. Gudin écrivait : « 11 est de tous les sages celui qui influe le plus aujourd'hui sur les hommes et sur les affaires... ( 4 ) ». Et l'on retrouve son influence précise dans l'organisation du culte décadaire et de la théophilanthropie à la fin de la Convention, sous le Directoire et sous le Consulat.

Mais, si son influence n'a pas été exclusive, a-t-elle

(*) Voir l'analyse de ces cahiers dans E. Champion, la France d'après les cahiers de 4789, ou dans Jaurès, 1. 1, ch. 11.

( 2 ) C'est notamment celle de Louis Blanc, Hist. de là Rév. t t. II, liv. x, ch. 1, et passim.

( 3 ) Notamment Paul Janet, ouv. cit., 3 e éd., p. 455 et suiv. — - E. Champion, Espr. de la Rév., ch. 1 ; etc....

(S Ph. Gudin, Supplément au Contrat social, applicable particulièrement aux grandes nations, Paris, 1791, p. vi (dédi- cace à l'Assemblée nationale, du 30 oct. 1790).

R. —-3.

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