Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/130

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l LIVRE II. - CHAP. VII. 73 avec l’empire humain; car si celui qui commande aux hommes ne doit pas commander aux lois, celui qui com- mande aux lois ne doit pas non plus commander aux hommes : autrement ses lois, ministres de ses passions, ne f€I`8l€l’lI SOUVCIII q.1B p€I`Pé(Ll€I' SCS lI'l)l1SIlC€S; i3II'18lS HC pourrait éviter que des vues particulieres n’alté1·assent la sainteté de son ouvrage (1). Quand Lycurgue donna des lois a sa patrie, il com-

menga par abdiquer la royauté. C’était la coutume de la plu-
 part des villes grecques de coniier A des étrangers l’établis-

I sement des leurs. Les républiques modernes de l’Italie lII`llIéI`€DI SOLIVCIII cet usage; celle de GCHEVC CII fit 3.l1I8I'lI ( et s’en trouva bien (a). Rome, dans son plus bel age, vit re- naitre en son sein tous les crimes de la tyrannie, et se vit préte A périr, pour avoir réuni sur les mémes tétes l’autorité , législative et le pouvoir souverain. Z (a) Ceux qui ne considérent Calvin que comme théologien connaissent I mal l’étendue de son génie. La rédaction de nos sages édits, A laquelle il eut ) beaucoup de part, lui fait autant d’honneur que son institution. Quelque révolution que le temps puisse amener dans notre culte, tant que l’8mOUf de la patrie et de la liberté ne sera pas éteint parmi nous, jamais la _ mémoire de ce grand homme ne cessera d’y etre en bénédiction. (Note du Contra! social, édition de 1762.) R. 2• Lettre de Ia Montague. —— Calvin, I sans doute, était un grand homme; mais entin c’était un homme, et, qui pis est, un théologien : il avait d’ailleu1·s tout l’orgueil du génie qui sent sa supériorité,et qui s’indigne qu’on la lui dispute. — Dmtmor, Encyclopédie (article Sociétés). — Ces ministres prétendus réformés, hommes impérieux, en voulant modeler les Etats sur leurs vues théologiques, prouvérent, de I’aveu meme des protestants sensés, qu’ils étaient aussi mauvais politiques que mauvais théologiens". ’ , (1) Pnuranoua, Préceptes pour les hommes d’Etat. — Vouloir d`abord faire soi-méme les mocurs d’un peuple et réformer celles qu‘il a, est une oeuvre aussi difftcile que périlleuse, oeuvre exigeant beaucoup de temps et une force immense; comme le vin au commencement du repas est maitrisé par le caractere des gens qui le boivent, et qu'insensiblement, A mesure qu’il s'échauffe et se méle dans leurs veines, il change le naturel des buveurs pour leur faire prendre le sien; de méme jusqu’A ce que l’homme d’Etat se soit acquis, A force de gloire et de conliance, l’autorité dont il a besoin pour conduire le peuple, il doit s’accommoder aux carac- = téres qu’il a sous la main, les approfondiret viser A les satisfaire, en sachant bien ce que le peuple goute, et par quels motifs il est naturellement enclin A se déterminer... l