Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/146

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vitable, s’ensuit-il qu’il ne faille pas au moins le régler ? C’est précisément parce que la force des choses tend touiours à détruire l'egalité, que la force de la legislation doit toujours tendre A la maintenir.

Mais ces objcts genéraux de toute bonne institution doivent étre modifies en chaque pays par les rapports qui naissent tant de la situation locale que du caractére des 1 habitants, et c’est sur ces rapports qu’il faut assigner à chaque peuple un systéme particulier d’institution, qui soit le meilleur, non peut-etre en lui-meme, mais pour l’Etat A auquel il est destiné(t). Par exemple, le sol est-il ingrat et , SIéI’ll€, OLI le PHYS {FOP S€I`I`é pOLll` l€S h8biI3IlIS? I0l1I`I`l€Z- vous du coté de l’industrie et des arts, dont vous echan— 1 g€I`€Z les pI`0dl1CIlOI`1S contre ICS d€I1I’é€S VOLIS I`I’l8.l’1·· 1 qLlCl’lI (2). Au contraire occupez vous des riches plaines et


premiere contradiction découlent toutes celles qu’on remarque dans l’ordre civil entre l'apparence et la réalité. Toujours la multitude sera sacrifiée au petit nombre, et l’intérét public A l’intérét particulier; toujours ces noms spécieux de justice et de subordination serviront d’instruments A la violence l et d’armes A l‘iniquité : d`oi1 il suit que les ordres distingues qui se pré- tendent utiles aux autres ne sont en eifet utiles qu’A eux-memes aux dépens des autres; par oi: l’on doit juger de la consideration qui leur est due selon la iustice et selon la raison. I

(r) Montesquieu, Esprit des Lois, liv. XIX, chap. v. — C’est au législateur V A suivre l’esprit de la nation lorsqu’il n‘est pas contraire aux principes du gouvernement, car nous ne faisons rien de mieux que ce que nous faisons l librement et en suivant notre génie naturel. _ Qu‘on donne un esprit de pedanterie A une nation naturellement gaie, l’Etat n’y gagnera rien, ni pour le dedans ni pour le dehors. Laissons-lui faire les choses frivoles sérieusement, et gaiement les choses sérieuses.

Frédéric II, Anti-Machiavel, chap. xv. — La difference des climats, des aliments et de l’éducation établit une difference totale entre des facons de vivre et dc peuser, de là vient la difference du moine italien et du Chinois lettré. Le temperament d’un Anglais profond mais hypocondre est tout A fait different du courage orgueilleux d’un Espagnol, et un Francais ’ se trouve avoir aussi peu de ressemblance avec un Hollandais que la viva- I cité du singe en a avec le tiegme d‘une tortue. ·

Les Francais ne sont occupés de nos jours qu’à suivre le torrent de la mode, à changer tres soigneusement de goits, à mépriser aujourd’hui ce qu’ils ont admire hier, à mettre l'inconstance et la legéreté à tout ce qui depend d’eux, à changer de maitresses, de lieux, d’amusements et de folie.

(2) Fnénénxc II, Anti-Machiavel, chap. xvi. — Ce ’qui serait admirable pour un grand royaume ne convient point A un petit Etat. Le luxe qui nait