Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/156

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.LlVRE lll. — CHAP. l. .gg Le gouvernement est en petit ce que le corps politique qui le renferme est en grand. C’est une personne morale ) douée de certainles facultés, active comme le souverain, ) passive comme l’Etat, ct qu’on peut décomposer en d’autres rapports semblables; d’0u nait par conséquent une nou- velle proportion; une autre encore dans celle·ci, selon l’ordre des tribunaux, jusqu’a ce qu’on arrive a un moyen terme K indivisible, c’est-a-dire it un seul chef ou magistrat supréme, qu’on peut se représenter, au milieu de cette progression, comme l’unité entre la série des fractions et celle des nombres. Sans nous embarrasser dans cette multiplication de termes, contentons-nous de considérer le gouvernement comme un nouveau corps dans l’Etat, distinct du peuple l et du souverain, et intermédiaire entre l’un et l’autre. g _ Il y a cette difference essentielle entre ces deux corps, que l’]E:]tat existe par lui-meme, et que le gouvernement n’existe que par le souverain. Ainsi la volonté dominante du prince n’est ou ne doit étre que la volonté générale ou la -1oi; sa force n’est que la force publique concentrée en lui : sitot qu’il veut tirer de lui-méme quelque acte absolu et indépendant, la liaison du tout commence a se reléicher. C S’il arrivait eniin que le prince eut une volonté particuliére plus active que celle du souverain, et qu’il uséit, pour obéir a cette volonté particuliére, de la force publique qui est _ dans ses mains, en sorte qu’on ei`1t, pour ainsi dire, deux souverains, l’un de droit et l’autre de fait, a l’instant l’union sociale s’évanouirait, et le corps politique serait dissous (1). (1) R. Nouvelle fiéloise. partie III, lettre 22. — Quand les lois furem sméanties, et que l’Etat fut en proie in des tyrans, les citoyens reprirent leur [ liberté naturelle et leur droit sur eux-memes. Wxnniinrox. Quingiéme dissertation. -— Tous les auteurs qui ont traité du droit de la nature et des gens conviennent que la seconde Convention, ainsi qu’ils l‘appellent, est aussi réelle et aussi obligatoire dans un gouver- nement démocratique que dans un Etat de tout autre forme. La seconde Convention est celle par laquelle le souverain et le peuple se promettent réciproquemcnt protection et obéissance. Or dans un Etat purement démo—