Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/191

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

134 DU CONTRAT SOCIAL. . ieufle Denys, fl qui SOD pete, en lui reprochant une 3CtlOt1 honteuse, disait: tt T’en ai·je donné l’exemple P — Ah ! ré- pondit le iils, votre pere n’était pas roi (1)! »e Tout concourt it priver de justice et de raison un homme elevé pour COII1I1'1&¤deI' aux autres. On pfend beaucoup de peitle, A ce qu°O¤ dit, pOuI` euseiguef aux jeunes princes 1’art de régner: il ne parait pas que cette éducation leur pl`0Hte. On ferait mieux de COmII1CI1Cel‘ par leur enseigner _ l’art d’obéir. Les plus grands rois qu’ait célébrés l’histoire n’ont point été élevés pour régner; c’est une science qu’on eu aucun roi vraiment grand, si ce n’est de nom. Je pretends au reste que ceci n`est point un etfet du hasard mais de la vie molle et voluptueuse que menent d’ordinaire les enfants des rois et des riches. Jamais, ni enfant, n»i homme fait, ni vieillard sorti d'une pareille école, n’a été vertueux... A1usro·rz,Politique, liv. III, chap. x. — Mais nous demandons a ceux qui vantent l’excellence de la royauté quel sort ils veulent faire aux enfants des rois? Est-ce que, par hasard, eux aussi devraient régner? Certes, s'ils sont tels qu’on en a tant vu, cette hérédité sera bien funeste... Amsrors, Politique, liv. VIII, chap. v111. - On peut réduire a deux les causes de ruine de la royauté. L’une est la conjuration des agents qu’eIle emploie, l'autre est la tendance au despotisme quand les rois prétendent ac- croltreleur puissance meme aux dépens des lois. On ne voit guere de nos iours se former encore des royautés, et celles qui s’élevent sont bien plutét des monarchies absolues et des tyrannies que des royautés. C’est qu’en effet la véritable royauté est un pouvoir librexnent consenti et jouissant seu- lement de prérogatives supérieures... Dans les royautés héréditaires, il faut ajouter cette cause de ruine toute spéciale que la plupart de ces rois par héritage deviennent tres vite mépri- sab1es... Bossuzr, 5• avertissement sur les lettres du ministre Jurieu. — Le peu- ple, forcé par son propre besoin a se donner un maitre, ne peut rien faire de mieux que_d’intéresser a sa conservation celui qu’il établit sur sa téte. Lui mettre l’Etat entre les mains, afin qu’il le conserve comme son bien propre, c’est un moyen tres pressant de l’intéresser. Mais c’est encore l‘engager au bien public par rdes liens plus étroits que de donner l'empire ai sa famille, afin qu’il aime l'Etat comme son propre heritage et autant qu’il aime ses enfants. C’est meme un bien pour le peuple que le gouvernement devienne aisé, qu’il se perpétue par les memes lois qui perpétuent le genre humain et qu’il aille pour ainsi dire avec la nature. Ainsi les peuples ou la royauté est héréditaire en apparence se sont privés d'une faculté qui est celle d’élire leurs princes; mais dans le fond c’est un bien de plus qu‘ils se procurent. Le peuple doit regarder comme un avantage de trouver son sou- verain tout fait, et de n’avoir pas, pour ainsi dire, A remonter un si grand ressort. (1) Peursnqus, Diets notables des roys et des grands capitaines, § 22 l I