Page:Rousseau - Du contrat social éd. Dreyfus-Brisac.djvu/192

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LIVRE III. - CHAP. VI. I35 ne posséde jamais moins qu’aprés l’avoir trop apprise, et qu’on acquiert mieux en obéissant qu’en commandant. te Nam utilissimus idem ac brevissimus bonarum mala- ¤ rumque rerum delectus, cogitare quid aut nolueris sub it alio principe, aut volueris (a). » Une suite de ce défaut de cohérence est l’inconstance du gouvernement royal, qui, se réglant tantot sur un plan et tantot sur un autre, selon le caractere du prince qui régne ou des gens qui regnent pour lui, ne peut avoir long- temps un objet Exe ni une conduite conséquente: variation qui rend toujours l’Etat flottant de maxime en maxime, de rojet en ro'et et ui n’a as lieu dans les autres ouver- v P S nements, ou le rmce est tou ours le méme 1 . Aussi vo1t—on I u’en énéral, s’il a lus de ruse dans une cour il a 7 plus de sagesse dans un sénat, et que les républiques vont a leurs fins par des vues plus constantes et mieux suivies; au lieu que chaque revolution dans le ministere en produit une dans l’Etat, la maxime commune a tous les ministres, et presque a tous les rois, étant de prendre en toute chose le contre-pied de leurs prédécesseurs. De cette méme incohérence se tire encore la solution d’un sophisme tres familier aux politiques royaux ; c’est non seulement de comparer le gouvernement civil au gouverne- ment domestique, et le prince au pére de famille, erreur déja réfutée, mais encore de donner libéralement a ce ma istrat toutes les vertus dont il aurait besoin et de g 7 supposer toujours que le prince est ce qu’il devrait étre (2): (a) Tnctrn, Hist., I, xvx. (Note du Contrat social, édition de 1762.) (1) R. Polys nodie.—Les s stémes oliti ucs seront mieux suivis et les )' Y P Q réglements beaucoup mieux observés quand il n’y aura plus de révolutions dans ce ministére et que chaque vizir ne se fera plus un point d’honneur dc détruire tous les établissements utiles de celui qui l’aura précédé. (2) Motrrssquxzu, Esprit des Lois, liv. V, chap. 11. — De Fexcellence du gouvernement monarchique.—_Le cardinal de Richelieu, pensant qu’il a peut- étre trop avili les ordres de l’Etat, a recours pour se soutenir aux vertus du prince et dc ses ministres et il exige tant de choses qu’en vérité il n`y a qu’un ange qui puisse avoir tant d‘attention, tant dc lumiéres, tant de fermeté, tant .1